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Les œillères de Marion Maréchal-Le Pen face à l’avortement

Publié le 08-12-2016 par

Une loi élargissant le délit d’entrave à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est en train d’être votée au Parlement. Les députés d’extrême-droite, dont Marion Maréchal-Le Pen ont voté en faveur de la motion de rejet préalable concernant la proposition de loi sur le délit d’entrave.

Pour Marion Maréchal-Le Pen, l’avortement doit rester un droit d’exception. Pour elle, le gouvernement doit dissuader les femmes et non voter des lois qui élargissent l’application de ce droit. Dans une interview publiée dans le quotidien français catholique et traditionaliste Présent, Marion Maréchal-Le Pen affiche son opposition au texte. Une occasion de revenir sur les propos de la députée du Vaucluse.

1. « 200 000 avortements sont pratiqués chaque année »

Oui, mais…

Il y a environ 200 000 avortements par an, en France. Mais il faut prendre ce chiffre dans son contexte. Il faut savoir que les assouplissements législatifs n’ouvrent pas la voie à davantage d’avortements. Depuis la loi de Simone Veil, le nombre d’avortements est en hausse. Il a connu une forte augmentation entre les années 1990 et 2006, atteignant plus de 215 000 IVG par an. Mais depuis 2006, le recours à l’IVG stagne, voire diminue. En 2015, on dénombre 203 000 avortements.

Ce qui est à nuancer ici, c’est que moins de femmes décident de se faire avorter. Néanmoins, ce chiffre reste stable, car une même femme a plus souvent recours à l’IVG. C’est donc la fréquence qui est à prendre en compte. Selon les statistiques, une même femme a recours deux ou trois fois à l’IVG dans sa vie. Alors que 62,8% des femmes ne se sont jamais fait avorter.

Nombre d’IVG en fonction de l’âge (pour 100 IVG)
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2. Il n’y a pas de site anti-avortement

Faux

La réponse de Marion Maréchal-Le Pen concernant les sites internet accusés de « désinformation » sur l’IVG est claire. « Cette pression n’existe pas, en réalité le gouvernement cherche à tuer toute alternative à sa propagande officielle clairement en faveur d’une banalisation de l’avortement. »

« Une femme qui a décidé d’avorter le fera dans tous les cas. »

Docteur Catherine Blanpain, gynécologue

Alors, pression ou prévention ? Pour Catherine Blancpain, gynécologue, « une femme qui a décidé d’avorter le fera dans tous les cas ». Sur ces sites, notamment IVG.net, Afterbaiz et Ecouteivg.org, les témoignages sont souvent orientés. Certains y voient une forme de dissuasion des femmes qui souhaitent avorter. Les chiffres et les données transmis sont parfois erronés. La présentation institutionnelle légitime le site internet. Mais pour IVG.net, il suffit de creuser un peu pour s’apercevoir que les responsables sont des catholiques militants.

Ces sites internet profitent aussi de leur résonnance sur les réseaux sociaux pour toucher un plus grand public. La gestion de ces sites n’est pas transparente et accentue les doutes face à ces structures.

 

Crédits photo : Gauthier Bouchet

Busra Karaboga et Ophélie Maillot

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