Améliorer la santé, le social, le cadre de vie… Voici les objectifs que se fixent les salles de consommation à moindre risque (SCMR). Également nommé « les salles de shoot », ces dernières fleurissent un peu partout en Europe.
Le 5 février, à Paris, s’est déroulée la première réunion du projet européen Solidify. Ce projet vise à faciliter l’implantation des SMCR sur le sol européen. Le gouvernement belge compte suivre cette tendance européenne qui divise la sphère politique. Lors de l’émission « Débats Première » sur La Première, la Ministre du gouvernement francophone bruxellois, Cécile Jodogne, s’est montrée favorable à l’ouverture de salles de consommation à moindre risque. Ses déclarations sont-elles fondées ? Décryptage.
« Des usagers courent des risques, comment diminuer ces risques ? Les SCMR répondent à cette problématique. Les évaluations réalisées à l’étranger en attestent. »
Le bilan européen confirme t-il les dires de la Ministre ?
Plusieurs études et recherches ont été menées afin d’analyser les effets de ces salles sur les consommateurs. Depuis quelques années, les risques d’infection du VIH et le nombre d’overdoses mortelles sont en baisse, et ce grâce aux SCMR. « C’est parce qu’il s’agit d’une consommation stérile. C’est un peu comme un hôpital en fait », explique Sébastien Alexandre, directeur de Fedito Bxl (Federation bruxelloise francophone des institutions pour toxicomanes).
Depuis l’arrivée des premières « salles de shoot » en Europe, la courbe montre clairement une diminution des infections du VIH. Cependant, un pays comme l’Allemagne, montre que depuis 2010 le nombre d’infections remonte. On gardera à l’esprit qu’il est très difficile d’isoler le phénomène. En effet, il est complexe de savoir si la baisse ou la hausse d’infections du VIH et d’overdoses mortelles est due à l’environnement ou aux salles. Les consommateurs sont pourtant encadrés et évitent ainsi une consommation dangereuse ou abusive.
« L’argent investi à la prévention a un effet direct sur les usagers eux-mêmes mais aussi sur le voisinage et globalement sur les coûts de santé. »
Mais, qu’en est-il réellement ?
L’un des objectifs principaux des SMCR est d’améliorer la tranquillité et la sécurité de l’espace public. Pour ce qui est de la criminalité, aucune augmentation ni diminution n’est à noter mais « la population clandestine est sous-contrôle », affirme Sébastien Alexandre. D’après Christophe Colin, coordinateur du comptoir d’échange de seringues à l’asbl bruxelloise Dune, « ces salles sont une manière d’apaiser les tensions dans les quartiers pris d’assaut par la drogue en rue. C’est une lutte contre les dégâts de la toxicomanie ». A Paris, depuis l’ouverture de la première « salle de shoot » le nombre de seringues dans l’espace public a diminué de 60%. La ville met en place diverses actions, notamment des patrouilles des forces de police , des caméras de vidéo protection et des comités de voisinage. Malgré cela, certains riverains sont farouchement opposés à ce genre d’infrastructures et manifestent leurs opinions sur les réseaux sociaux.
Soutenez et signez massivement notre nouvelle #pétition qui demande le déménagement de la #salledeshoot https://t.co/4Fu2WeGEcG pic.twitter.com/0d3NDO3WmJ
— Riverains Lariboisière Gare du Nord (@LariboisiereGDN) 18 avril 2017
Mais, c’est quoi une SCMR ?
C’est un lieu où des personnes dépendantes aux drogues dites « dures », à savoir la cocaïne, l’héroïne ou encore les amphétamines, peuvent venir consommer leurs propres produits dans de bonnes conditions d’hygiène et sous la surveillance d’un personnel de santé spécialisé, composé d’un service médical, paramédical et social.
Les salles de shoot seraient-elles plus efficaces que la simple répression ?
Les SCMR permettent de lutter contre le VIH mais aussi d’éviter les blessures liées à la prise de drogues : seringues non stériles, bagarres dans les rues, etc. Sébastien Alexandre explique que « les salles coûtent moins chers que les traitements donc les coûts pour la société sont moindres ». L’investissement dans la création de SCMR aura un coût, au final, moins élevé, que les coûts de traitements pour le VIH ou autres soins nécessaires aux personnes victimes des effets de la drogue. « La sécurité sociale coûte moins cher. 1€ investi dans le projet permet de tirer 3€ de bénéfice », poursuit Christophe Colin.
Que font les pays européens ?
La Suisse, pionnier de ce concept, a été le modèle à suivre pour les autres pays de l’Europe.