Les déclarations de Marie-Martine Schyns sur l’immersion linguistique publiées dans la DH ce mardi 20 décembre 2016 sont l’occasion de revenir sur le système de l’immersion linguistique en Belgique. Un modèle d’enseignement qui se pratique de manière différente au sud et au nord du pays.
Qu’est ce que l’immersion linguistique ?
L’immersion est une procédure pédagogique qui vise à assurer la maitrise des compétences attendues en assurant une partie des cours et des activités pédagogiques de la grille-horaire dans une autre langue que la langue maternelle des élèves. L’EMILE (Enseignement de Matières par Intégration d’un Langue Etrangère) est le système d’immersion mis en œuvre en Belgique. En Fédération Wallonie- Bruxelles, il est pratiqué pour les élèves de maternelle, de primaire et de secondaire. Alors qu’en Communauté Flamande, il est pratiqué seulement à partir du secondaire.
Depuis quand l’immersion est pratiquée en Belgique ?
En Fédération Wallonie-Bruxelles, une première école a mis en place un système d’immersion dans ses classes à Liège en 1988. Ce système avait été créé pour expérimenter cette méthode d’enseignement. Selon Piet Van De Craen, spécialiste de l’immersion et professeur à la VUB, l’immersion arrive en Belgique grâce à l’importance grandissante de la connaissance des langues étrangères : « Dans les années 90, les idées européennes sur l’ouverture et l’importance des langues se sont multipliées .» C’est dans ce contexte qu’en 1997 la Fédération Wallonie-Bruxelles, a décidé d’instaurer par décret la mise en place de ce type d’enseignement. En Communauté Flamande ces classes n’existent que depuis 2014 et ne sont pratiquées que dans l’enseignement secondaire.
Pourquoi la Flandre a mis autant de temps avant d’ouvrir des classes d’immersion dans ses écoles ?
La Flandre a ouvert à ses élèves des classes d’immersion seulement depuis deux ans. Pour Henny Bijleveld, neuro-linguiste et spécialiste de l’apprentissage des langues : « Ce serait un choix purement politique puisque de nombreuses études scientifiques démontrent les aspects positifs de ce type d’apprentissage sur le niveau des élèves en langue. » Piet Van De Craen, tient le même discours : « Pour les flamands, le français a dominé leur histoire, c’est pourquoi certains rejettent le français ou même l’anglais, pour permettre la résurrection du néerlandais. » Si aujourd’hui l’immersion est pratiquée dans une soixantaine d’écoles flamandes, elle est n’est toujours pas autorisée dans l’enseignement fondamental.
Quelles sont les langues les plus pratiquées dans ces classes en Fédération Wallonie-Bruxelles et en Communauté Flamande ?
En Fédération Wallonie-Bruxelles, on constate que les classes d’immersion sont principalement en langue néerlandaise. Piet Van De Craen explique que : « les francophones sont plus conscients que pour trouver du travail en Belgique, il est important d’être bilingue. »
En Flandre, c’est l’anglais qui est le plus pratiqué en immersion. Cela s’explique de nouveau par le « contexte politique », pour Piet Van de Craen.
Voir aussi: Marie-Martine Schyns se justifie
Pourquoi les programmes d’immersion ne sont-ils pas plus répandus dans les écoles du pays ?
Même si le nombre de classes d’immersion augmente chaque année, elles ne sont pas encore majoritaires sur le territoire belge. En Fédération Wallonie-Bruxelles, on compte 191 écoles qui pratiquent l’immersion au niveau fondamental et 101 au niveau secondaire. Du côté flamand, 60 écoles sont recensées. Piet Van De Craen, spécialiste de l’immersion, très impliqué pour le développement de ce type d’enseignement constate que : « Beaucoup d’écoles n’osent pas proposer des classes d’immersion, car elles n’ont pas connaissance des résultats scientifiques qui prouvent que cela est positif pour les élèves. On n’ose pas faire de changement dans le système scolaire, car les gens sont très conservateurs, ils pensent que le système actuel est très bien et qu’il n’y a donc pas de raison de le changer. »
Voir aussi: Emission Pour ou Contre sur l’apprentissage des langues chez les enfants
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Justine Massut et Charlotte Médot