Les pièges de la circulation en Haiti, un frein au développement
Le processus de développement durable implique la construction d’infrastructures routières de qualité. Or, en Haïti, ce domaine de grande importance ne figure vraisemblablement pas parmi les priorités de l’Etat. Entre-temps des routes en très mauvais état ainsi que des égouts à ciel ouvert tuent et blessent sous le regard passif des autorités.
« Il y en a deux un peu plus bas », lance un chauffeur de taxi-moto en faisant un geste de la main. « Avant-hier, j’ai failli mourir à cause de ce trou », renchérit un autre. Visiblement déçus, ils pointent du doigt les redoutables égouts à ciel ouvert dont ils ont fini par connaître les emplacements à force de maîtriser la réalité du réseau routier de Port-au-Prince. Ces grands trous au milieu de la chaussée sont un des fléaux qui sévit dans la circulation automobile et piétonne de la capitale depuis plusieurs années. Ils se comptent par dizaines dans plusieurs quartiers, causent des accidents, des embouteillages et pas mal d’autres dommages aux riverains.
De nombreuses personnes sont sorties blessées après leur chute, d’autres n’ont jamais été retrouvées. Une adolescente qui habite la commune de Pétion-Ville témoigne qu’un matin, alors qu’elle se rendait à l’école, elle est tombée dans un égout qu’elle n’avait pas remarqué. Secourue par un passant, elle pleurait de douleur. Ses blessures étaient graves au point qu’elle a dû rester chez elle pendant plus d’une semaine pour recevoir des soins. Même si cet accident remonte à plusieurs années, la jeune fille est encore peinée d’en parler.
Parcourir la capitale haïtienne relève bien souvent du parcours de combattant. C’est toute la circulation de Port-au-Prince qui pose problème et qui cause des manques à gagner dans l’économie. Les bouchons qui font que des gens mettent trois quarts d’heures pour des distances de moins d’un kilomètre sont très fréquents. Des opérateurs du transport en commun expriment leur ras-le-bol : « Nos pertes sont énormes, à plusieurs occasions des roues sont arrachées et les embouteillages nous font consommer beaucoup trop d’essence », dit un chauffeur qui laisse voir son agacement.
En avril 2017, un rapport de la Banque Mondiale rappelait l’importance pour les pays de l’Amérique latine et de la Caraïbe d’augmenter leurs investissements dans le domaine des infrastructures. Mais en Haïti, le délabrement des voies de circulation continue de ralentir la marche vers le développement. L’Amérique latine et les Caraïbes dépensent en moyenne 3% de leur PIB pour leurs infrastructures de communication, contre 7,7% en Asie de l’Est et dans le Pacifique.
Cependant, des différences énormes sont constatées d’un pays à un autre. La République Dominicaine qui partage ses frontières avec Haïti est considérée comme un champion en la matière avec le deuxième niveau le plus élevé d’investissements dans la construction et l’entretien des réseaux de communication dans la région. Haïti, le territoire voisin, continue quant à lui d’être à la traîne.
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