Depuis cinq ans, les révélations sur l’évasion et l’optimisation fiscale s’enchaînent : LuxLeaks, FootballLeaks, Panama Papers, et récemment, les Paradise Papers. Là où les voix s’élèvent dans le monde économique, les médias enquêtent des mois dans un murmure. Pour mieux lâcher leur bombe.
Les « leaks », ou les « fuites » en anglais, se généralisent au sein du monde des affaires et s’étalent en Une des plus grands quotidiens de la presse écrite. Par effet miroir, une question mérite d’être posée : comment les journalistes enquêtant sur ces confessions durant des mois, parfois des années, réussissent-ils à éviter toute divulgation d’information au cours de leurs travaux ? Au XXIème siècle, le journalisme d’investigation dévoile les méandres d’un métier sous la pression de la discrétion.
#ParadisePapers – 13.4 million documents, 94 media partners, more than 120 politicians and world leaders. https://t.co/lHHyt9eLTS pic.twitter.com/mecTosLSxD
— ICIJ (@ICIJorg) 5 novembre 2017
Silence, on fouille !
Traiter des millions de documents demande des moyens et une force de travail importants. Cryptage des communications, réunions « secrètes », codes strictes d’investigation exigeant une avancée par cercles concentriques… Jacques Monin, directeur des Enquêtes et de l’Investigation de Radio France, révèle les astuces du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) qui ont permis de garder l’omerta visant l’enquête des « Paradise Papers« .
Pour rappel, l’affaire des « Paradise Papers » est la plus récente dans le domaine. Dévoilée en novembre 2017 par l’ICIJ, elle révèle des stratégies d’optimisation et d’évasion fiscale en se basant sur une quantité colossale de documents divulgués, issus du cabinet d’avocats Appleby. Maxime Vaudanot, journaliste du Monde ayant participé à l’enquête, résume :
« Ce qui a lancé cette enquête il y a un an, c’est qu’on a mis la main sur des millions de documents confidentiels ».
ICIJ, consortium de tous les possibles
Théodore Roosevelt, président des États-Unis, qualifiaient les journalistes d’investigation de « muckrakers », de « fouille-merde » en 1906. Cent-dix ans plus tard, ces reporters n’ont pas raccroché leur tablier. Sans bruit, ils avancent groupés, telle une armée, prêts à divulguer toute malversation.