Ségolène Royal travestit la réalité dans son hommage à Fidel Castro

Ségolène Royal représentait la France aux funérailles de Fidel Castro à Santiago du Chili. Document de franceinfo.

 

La Ministre de l’écologie, Ségolène Royal, était à Cuba pour les obsèques de Fidel Castro. Elle y a salué la mémoire du « líder maximo » avec une lecture assez controversée des faits historiques.

La troisième personnalité du Gouvernement français, Ségolène Royal, a assisté aux hommages rendus à Fidel Castro le 4 décembre dernier à Santiago de Cuba. Elle et le Premier Ministre grec étaient les seuls membres d’un gouvernement européen à avoir fait le déplacement. Au micro des journalistes qui l’attendaient à son arrivée à l’aéroport, Madame Royal a défendu le bilan de Fidel Castro,  notamment sur l’accès à l’éducation et à la santé. Tout en balayant d’un revers de la main les accusations de violation des droits humains pointées contre le père de la révolution cubaine.

 

  • « Il y a toujours du positif et du négatif dans les histoires, mais certains ne vont pas se rhabiller à bon compte au nom des droits de l’homme alors qu’on sait qu’ici, quand on demande des listes de prisonniers politiques, on n’en a pas »

C’est faux !

Le Gouvernement américain se félicitait en janvier dernier de la libération de 53 prisonniers politiques. Ce geste était directement lié au réchauffement des relations entre Cuba et Washington. Cependant, la Commission cubaine des droits humains et de la réconciliation nationale (CCDHRN) estime que plus de 8600 militants et opposants au régime castriste sont détenus sur la simple base de motifs politiques.

En août dernier, plus de 490 personnes ont été placées en détention pour avoir critiqué le régime. Et, comme le montre le graphique ci-dessous, les arrestations d’opposants continuent à Cuba.

Statistiques des détentions arbitraires à  Cuba.

Source : Commission cubaine des droits humains et de la réconciliation nationale

  • « Je sais que ça dérange parce que justement voilà un pays insulaire qui protège son patrimoine, qui interdit les prédateurs, qui a réussi aussi à faire en sorte qu’il y ait une propreté, une sécurité vraiment remarquables, que l’on n’atteint pas dans beaucoup de pays qui donnent aujourd’hui des leçons de droits de l’homme. »

C’est un peu plus compliqué…

Fidel Castro s’est servi de manière systématique de l’impératif de « sécurité » afin de maintenir la stabilité de son pouvoir. Pour assoir sa domination sur le pays, le régime « socialiste » cubain n’a pas hésité d’instrumentaliser l’appareil judiciaire à des fins répressives. Par exemple, l’article 72 du Code pénal cubain stipule qu’ « une personne sera considérée comme dangereuse si elle montre une propension à commettre des infractions illustrée par une conduite en contradiction manifeste avec les normes morales du socialisme ». C’est dans ce cadre que le graffeur cubain Danilo Maldonado Machado (dit « El Sexto »), a été arrêté le 26 novembre dernier pour avoir écrit « il est parti » suite à l’annonce de la mort de Fidel Castro.

Dans son rapport 2015, Amnesty International affirme qu’à travers les lois punissant les « troubles à l’ordre public », les « outrages », l’« irrespect », la « dangerosité » et les « agressions », les autorités traduisent en justice des opposants, dont beaucoup font alors l’objet de poursuites pénales motivées par des considérations politiques et sont aussi victimes d’autres formes de harcèlement.

Lire le rapport d’Amnesty International sur Cuba (2015).

  • Il existe « une liberté religieuse » et « une liberté de conscience » à Cuba

C’est un peu plus compliqué…

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Crédits photo : Pixibay/PeterKraayvanger

S’il est bel et bien vrai que la Constitution cubaine dans son article 8 (lien en anglais) reconnaît et garantit la liberté de culte, il n’en demeure pas moins que certaines communautés religieuses rencontrent beaucoup de difficultés à pratiquer leur foi à Cuba. C’est surtout le cas des protestants qui constitueraient 5% de la population. En février 2015, le pasteur protestant Jésus Noel Carballeda a été arrêté (lien en espagnol) dans la ville de La Havane, sans raison ni mandat d’arrestation. Accusé d’organiser des services religieux non autorisés, ce dernier a été emprisonné pendant six mois sans aucun procès.

Lire le rapport de l’Observatoire de la liberté religieuse sur Cuba (2015).