Des mesures de suivi des femmes enceintes dans les départements français d’Amérique ont été mises en place, elles ont des échographies plus fréquentes et plus nombreuses qu’en Métropole.
Pas encore en application
Dans ces départements, les trois échographies obligatoires sont rarement respectées. Est-ce donc judicieux d’augmenter le nombre d’échographies alors que le minimum n’est toujours pas respecté ?Isabelle Batany, chargée de communication à l’agence régionale de santé de Guyane explique que « les femmes enceintes qui auraient contracté le virus Zika bénéficieront d’un suivi plus important, notamment une échographie par mois. Mais il est clair que si désormais les femmes enceintes doivent passer un nombre supérieur d’échographies, cela nous posera des problèmes ici en Guyane. » La recommandation de la ministre de la Santé n’est pour le moment pas appliquée dans les départements français d’Amérique. « Une équipe de l’EPRUS (Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires) est venue récemment pour évaluer la situation. Et Marisol Touraine sera en Guyane en fin de semaine », ajoute la chargée de communication.
Fin janvier, le gouvernement français a annoncé que la Martinique et la Guyane passaient en niveau 3 du programme de surveillance, d’alerte et de gestion des épidémies. Ce niveau correspond au stade épidémique. Pour le Dr Charlotte Van De Werve, spécialiste en médecine tropicale à la clinique St-Pierre-Ottignies, « c’est une mesure qui va rassurer les femmes enceintes. » Cette mesure aurait donc une portée psychologique plus que médicinale. « Cette mesure a un intérêt à partir du moment où l’on peut mesurer la taille du crâne de l’enfant. Et ce n’est possible qu’après minimum trois mois de grossesse », explique la spécialiste.
Mais une fois le premier trimestre passé et la microcéphalie détectée, que faire ? Rien. Il n’y a aucun moyen de soigner cette déformation de la boite crânienne. Finalement, que va apporter cette mesure ? Sur le plan du traitement du virus, rien. La microcéphalie n’est détectable qu’après au moins trois mois de grossesse et aucune solution n’existe afin de soigner cette malformation. Sur le plan psychologique par contre, cette mesure du gouvernement français pourrait rassurer les femmes enceintes puisqu’elles se sentiront mieux prises en charge. Ce sentiment pourrait alors éviter un mouvement de panique générale.
J’appelle les femmes enceintes à être très attentives, il faut que leur compagnon n’ait pas de rapports sexuels sans protection, je recommande l’usage du préservatif.
Vrai, mais…
« On nous a indiqué un cas d’infection par le virus Zika dont la transmission s’est peut-être faite sexuellement », a déclaré la Dr Anne Schuchat, directrice adjointe des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC). Le nombre est minime par rapport au nombre total de personnes infectées par le virus Zika dans le monde. De plus, « nous n’avons pas de preuves suffisantes pour affirmer que le virus se transmet par voie sexuelle. La seule transmission directe d’une personne à l’autre semble pour le moment être celle d’une mère à son fœtus durant la grossesse », explique le Dr Van De Werve. Pour autant, « tant qu’aucune preuve n’a été apportée sur l’éventualité de transmission sexuelle, mieux vaut utiliser des préservatifs », ajoute-t-elle.
L’usage du préservatif, clamé par Marisol Touraine, est donc visiblement davantage une précaution.
Elodie Badets et Saskia Violette de Noircarme