Conseiller communal Centre Démocrate Humaniste (CDH) à la Ville de Bruxelles, mais aussi conseiller de police de la zone Bruxelles Capitale-Ixelles depuis 2012, Benhur Yusuf Ergen est un homme très investi dans la politique de sa commune. En tant que représentant de la population araméenne de Bruxelles qui lui a en grosse partie permis d’être élu, mais également père de famille, cet élu de 39 ans semble mener une vie privée, professionnelle ainsi que politique très chargée. Il a également fait parler de lui, ces derniers jours, suite à sa décision de changer de parti, et donc de passer d’un parti d’opposition à la Ville de Bruxelles, le CDH , en passant dans les rang du Mouvement Réformateur (MR).
C’est un homme souriant et décontracté qui me rejoint au café Super Star situé à la droite de l’UGC De Brouckère. Les formalités d’usage étant passées, Benhur Yusuf Ergen me confie que c’est un araméen originaire de Turquie et qu’il est arrivé en Belgique et ce à l’âge de huit ans. « Beaucoup de gens se trompent. Je ne suis pas arménien, mais bien araméen. Ce terme regroupe les personnes originaires du Moyen-Orient et de Turquie et qui sont de confession chrétienne ». Explication amplement nécessaire car encore aujourd’hui beaucoup de gens se méprennent quant à la dénomination de cette population, notamment avec le retour dans l’actualité en 2015 du centenaire du génocide arménien, dont les victimes étaient principalement araméennes. « Pour moi, il est très important de ne jamais renier ses origines, de savoir d’où l’on vient ».
« Je suis un Belge comme tous les autres »
A son arrivée en Belgique, Benhur Ergen a vécu une enfance tout à fait normale à Bruxelles Ville. « Je suis un Belge comme tous les autres. Je me suis rapidement intégré dans ce pays qui est le mien ». C’est après une scolarité primaire et secondaire au collège Roi Beaudouin que l’adolescent se dirige vers des études de comptabilité. « J’ai toujours vécu dans la ville de Bruxelles. et ce n’est que depuis 2007 que je me suis installé à Neder-Over-Heembeek ». Très tôt intéressé par le sport, notamment le football, Benhur Ergen a décidé de s’y investir, également dans sa ville. Il est aujourd’hui président du centre culturel et sportif du Tour-Abdin, mais également trésorier au club de football FC Suryoyés bruxellois.
« C’est le C de Chrétien qui m’a convaincu »
« Je me suis véritablement lancé en politique au cours de l’année 2000 ». Il me confie également qu’il n’a jamais véritablement songé à se lancer dans une carrière politique, mais c’est à force de demandes ponctuelles et d’approches que ce dernier s’est décidé. « Mon choix politique est directement allé à l’ancêtre du CDH actuel, le Parti Social Chrétien (PSC), et c’est le C de chrétien qui m’a convaincu ». Son parcours politique a été marqué par une assiduité et une activité militante au sein du PSC, reconverti en 2002 en CDH. « Je me suis toujours bien retrouvé au centre ». Cette activité militante aurait-elle caché une aspiration à être élu? Après 2 essais ratés, « la troisième fut la bonne », dit fièrement Benhur Ergen et c’est en 2012 qu’il devient conseiller communal de la ville de Bruxelles, et se charge des questions sportives et financières. « Je reste conscient que sans le vote d’une partie de ma communauté, je ne serai pas là où je suis aujourd’hui ». Il précise également que certains combats lui tiennent à cœur, surtout dans la reconnaissance de sa communauté, araméenne, et également la reconnaissance du génocide arménien, entre autre. « Mais ce n’est pas au niveau communal que le combat doit être porté, mais plutôt au fédéral dont les dirigeants ont peur de se mouiller », explique-t-il.
Être élu ne signifie pas renoncer aux à-côtés pour Mr. Ergen: pour la seule année 2013, il cumule pas moins de sept mandats rémunérés, sans compter sa fonction de conseiller communal, également rémunérée. « J’ai dû remplacer les élus de la législature précédente au sein de deux intercommunales, durant quelques mois. C’est ça la politique, tu sais », explique-t-il de façon simpliste. En 2017, il reste tout de même administrateur de trois postes rémunérés en plus de son poste de conseiller communal.
« J’espère être réélu, après tout, je suis resté le même »
A un peu plus d’un an des prochaines élections communales, et à peu près à 5 ans de conseiller communal, Benhur Ergen est véritablement investi en politique. C’est à coups de « je n’ai pas changé » que celui-ci décrit son parcours politique jusqu’à présent. « J’espère être réélu, et surtout, j’espère ne pas avoir perdu la confiance de mes électeurs, après tout, je suis resté le même. » Phrase pouvant sonner faux aux oreilles de certains, en apprenant son changement inopiné de parti. Passer du CDH au MR, donc passer de l’opposition à la majorité à la Ville de Bruxelles. Cette nouvelle m’a évidemment été transmise par le sujet près de 4 jours après notre entretien. « Je suis persuadé que les lignes de conduite du MR et du CDH sont les même ». Désormais, il se qualifie non plus d’homme de centre, mais d’homme de centre-droit. » Je ne me retrouvais plus vraiment et ce depuis le début de mon mandat dans les rangs de mon ex-parti. Et il n’y a aucune forme d’opportunisme dans ma décision ». Ayant désormais dévoilé sa nouvelle couleur politique, Benhur Yusuf Ergen est un élément qui s’ancre dans cette législature communale de la Ville de Bruxelles, marquée par divers scandales et par la désignation quasi-arbitraire du nouveau maïeur de la ville, Yvan Mayeur, par l’ancien bourgmestre Freddy Thielemans.
Entretien de Toukabri Mehdi.
Crédit photo : Youtube.