Catherine Herth, quinquagénaire engagée jusqu’au cou dans la consommation écoresponsable, me fait découvrir l’EPI: épicerie participative d’Uccle.
Je passe la grande porte blanche de l’EPI d’Uccle et rencontre Catherine Herth. Elle discute de projets concernant l’épicerie avec deux autres femmes devant la caisse. Un homme derrière cette caisse travaille sur un ordinateur, tandis que celui à côté de lui s’occupe d’encaisser le paiement d’une vieille dame. Pourtant, toutes les personnes citées, tiennent exactement la même place au sein de l’épicerie participative: ils sont coopérateurs. Ils ont tous cotiser 100 euros et se sont engagés à donner minimum 3 heures de leur temps par mois pour la gestion et l’entretien de l’EPI (nettoyage, comptabilité, maintien de la caisse etc.). En contrepartie, ils peuvent accéder aux produits écoresponsables de cette coopérative à des prix réduits.
Catherine Herth me fait visiter les lieux avec beaucoup d’entrain, toujours un petit sourire aux lèvres. Elle me parle de l’âme de ce lieu. Lorsque je l’interroge sur ses convictions en matière de consommation, elle me répond « Si je vous dis que je suis en transition professionnelle pour passer des ressources humaines à l’alimentation durable, ça vous donne une idée non? ». Catherine s’engage quotidiennement pour consommer de manière responsable. Elle ne se rend que 3 à 4 fois par an dans les grandes surfaces pour privilégier les petits organismes comme l’EPI. Mais, étant maman, et dans la vie active, elle sait que ce n’est pas toujours évident de consommer en accord avec ses principes.
Pour consommer autrement, il faut d’abord changer de mentalité
Elle distingue un grand problème dans notre façon de consommer aujourd’hui: l’oubli du travail de la terre. L’épicerie participative remet le travail de l’agriculteur/producteur au centre des préoccupations: elle collabore directement avec lui, en « circuit-court ». Le producteur récupère une plus grande marge commerciale et peut entretenir un lien social avec le consommateur. L’EPI choisit des producteurs locaux et éco-responsables.
Les mots primordiaux pour une consommation plus intelligente et raisonnable selon Catherine: des produits sains, locaux, de saison, en circuit-court, éco-responsables et équitables. Sa bête noire: le gaspillage. Elle veut le combattre et connaît donc bien le sujet. Son indignation se ressent lorsqu’elle dit qu’un tiers de la production mondiale finit à la poubelle. C’est pourquoi l’EPI met en avant ses fruits et légumes délabrés et consommables après une cuisson.
Une coopérative en constante évolution
Née en juillet 2015, l’EPI d’Uccle ne cesse de s’améliorer. Chaque mois, des individus et des ménages rejoignent l’aventure et apporte de nouvelles idées. Les coopérateurs tentent de se détacher d’une quelconque hiérarchie pour privilégier ce que Catherine appelle la « faisocratie ». L’organisation s’établit autour de projets à l’initiative des coopérateurs. L’épicerie est passée de la vente de produits secs uniquement, à la vente de produit frais et sera bientôt équipée d’une chambre froide.
L’EPI en tant que société coopérative à finalité sociale est « une facilité administrative » selon Catherine, mais aussi « un pari sur l’avenir ». Elle espère que l’épicerie permettra un jour de créer des emplois.
(crédits photographies: Aline Bué)