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Covid-19 : le virus sévit inégalement chez les plus de 65 ans

La mortalité a explosé dans les hôpitaux pendant la pandémie parmi les personnes de plus de 65 ans ©Alberto Giuliani, via Wikimedia Commons
Publié le 12-01-2022 par , et

Si la majorité des décès dus au Covid-19 se concentre chez les personnes de 65 ans et plus, celles-ci ont été touchées de manière inégale.

De mars 2020 au début novembre 2021, la pandémie de Covid-19 a tué plus de 25.780 Belges, selon les données de l’Institut scientifique de santé publique Sciensano. Les personnes âgées de plus de 65 ans ont davantage été touchées. Elles représentent 92,75% des décès. Cependant, la composition de cette population a changé au fil du temps et des mesures prises pour freiner le virus.

La première vague de la pandémie avait touché de plein fouet les plus de 85 ans : ils représentent plus de 58% des décès dus au Covid-19 chez les plus de 65 ans, et 55,6 % des décès de la population totale, en avril 2020. Au pic de la deuxième vague en novembre 2020, cette proportion est passée à 55% parmi les plus de 65 ans, contre 51,1% parmi la population totale.

Yves Coppieters, médecin épidémiologiste et professeur de santé publique à l’ULB, observe que le profil des victimes a évolué au fil des vagues: « Pendant la première vague, le risque est surtout lié à l’âge. La deuxième bien sûr est toujours liée à l’âge, mais il y a aussi eu une mortalité dans des groupes de population avec de grosses comorbidités et qui ont échappé à la première vague. »

Un « profil de la mortalité »

La santé ne représente pas le seul facteur de risque selon l’épidémiologiste: « Il y a aussi des [profils] socio-économiques un peu plus marqués, en termes de mortalité lors de la deuxième vague. Donc le profil de mortalité a un peu changé entre les deux vagues. » Il précise que le virus a, lui aussi évolué. Partiellement dangereux au début de la pandémie, il est venu à bout des personnes les plus fragiles dès les premiers mois. Selon Yves Coppieters, l’isolement des maisons de repos, dès mars 2020, a permis de contrer cette létalité chez les personnes âgées.

Dans la Maison de repos Anne Sylvie Mouzon, qui dépend du CPAS de Saint-Josse-ten-Noode, le premier confinement a permis de garder le Covid-19 hors des murs. Pour Jeanne Nyirabizimana, qui y travaille comme infirmière, c’est un soulagement car la résidence n’avait pas toujours pu se procurer des protections adéquates lors de la pénurie du début de la pandémie. Les seuls résidents décédés du Covid-19 durant cette période avaient contracté le virus lors d’une visite à l’hôpital.

Lors de la seconde vague, elle a vu beaucoup de décès et des membres du personnel ont également été infectés. En tant qu’infirmière, elle terminait sa journée, vêtue de couches de protection supplémentaires, dans une aile où avaient été rassemblés les résidents positifs au Covid-19. Cette aile avait été ouverte dès le premier confinement.

« Oui, la vaccination a sauvé des vies »

Si ces mesures d’isolement ont permis d’éviter le pire, Yves Coppieters et Jeanne Nyirabizimana ont clairement remarqué l’impact positif de la vaccination. L’infirmière est formelle : « Oui, la vaccination a sauvé des vies ». Avec le début de la vaccination, la tension, qui était auparavant palpable au sein de la maison de repos, s’est dissipée. Les rares résidents qui ont contracté le Covid-19 étaient asymptomatiques et ont été isolés pendant deux semaines.

La mortalité est hospitalière, elle n’est plus dans les maisons de repos.

L’échelonnement du calendrier de vaccination a, lui aussi, modifié la composition de la population décédée. À partir de mars 2021, les personnes âgées de plus de 85 ans ne représentaient plus la majorité des décès parmi les personnes âgées. Si les résidents des maisons de repos ont pu se faire vacciner dès janvier 2021, le reste de la population âgée de plus de 65 ans a dû attendre le mois de mars. 

« La mortalité est hospitalière, elle, n’est plus dans les maisons de repos », remarque Yves Coppieters. Il explique ce changement par la couverture vaccinale dans les maisons de repos, qui se situe entre 95% et 98% en Belgique.

Aujourd’hui, alors que la propagation de l’épidémie repart à la hausse, la vaccination permet de contenir le nombre de décès à un niveau très bas. Mais l’épidémiologiste nous met en garde : si la population mondiale n’est pas vaccinée, le risque est de voir arriver en Belgique un variant résistant aux vaccins. Dès lors, la population des plus âgés serait de nouveau à risque.

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