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Covid Safe Ticket à Bruxelles: « Nos politiques se sont trompés »

Le Covid Safe Ticket est entré en vigueur le 15 octobre 2021 à Bruxelles. © Unsplash
Publié le 11-01-2022 par , et

Depuis le 15 octobre, le Covid Safe Ticket est en vigueur à Bruxelles. Pourtant, si le gouvernement espérait une hausse du taux de vaccination, tout le monde n’a pas été réceptif.

On ne peut plus y échapper : voilà une semaine que le Covid Safe Ticket fait partie du kit indispensable du citoyen qui désire un accès au secteur culturel, mais pas que. Désormais, le CST est un “must have” pour voyager, aller au resto, au café, et ainsi assurer une protection sanitaire (selon le site officiel d’informations coronavirus de Bruxelles : coronavirus.brussels). Toutefois, depuis que le gouvernement bruxellois a officiellement annoncé le projet le 16 septembre, il semblerait qu’aucun impact n’ait été détecté quant à la variation du taux de vaccination chez les Bruxellois. Dans une interview accordée à l’Avenir, Inge Neven la responsable du dispositif Covid de la Commission communautaire commune de Bruxelles (COCOM) confirme que le CST n’a pas influencé les Bruxellois sur leur choix de se faire vacciner.

Nos politiques pensaient que ça allait booster la vaccination, là ils se sont trompés.

Selon les dernières données récoltées auprès de l’institut scientifique fédérale de santé publique Sciensano, on constate qu’entre l’annonce du projet (le 16 septembre) et son entrée en vigueur (le 15 octobre), le taux de vaccination n’a pas augmenté à Bruxelles. Nous assistons même à une diminution. Pour Yves Coppieters, médecin épidémiologiste et professeur de santé publique à l’ULB, ce phénomène s’explique par une couverture vaccinale qui était déjà importante chez les Bruxellois, bien avant l’annonce du CST : « tout le monde chez nous, a déjà eu l’occasion de se faire vacciner, tout le monde a reçu sa convocation ». Il poursuit en confiant que si le but du Covid Safe Ticket était de diminuer la circulation du virus, le gouvernement s’attendait à une explosion des vaccins : « nos politiques pensaient que ça allait booster la vaccination, là ils se sont trompés ».

Variation selon l’âge : la jeunesse résiste

La courbe reste relativement constante auprès de la population bruxelloise. Cependant, toujours d’après les données diffusées par Sciensano, il existe tout de même une variation du taux de vaccination selon les tranches d’âges.

Entre la semaine du 13/09 et du 11/10, une tendance s’est dessinée : une augmentation des vaccinations chez les seniors (plus de 65 ans) et une baisse de vaccinations chez les plus jeunes (18-44 ans) et les plus âgés (45-64 ans). La courbe de vaccination de Bruxelles stagne : l’effet boom n’a pas eu lieu malgré les 5 Vacci-Bus , les 4 centres de vaccination et l’apparition des vaccinations dans les entreprises ( grandes entreprises et entreprises publiques), dans les écoles et dans les grandes surfaces.

Concernant les Bruxellois les plus réfractaires, ils privilégient une autre solution quant à l’imposition du Covid Safe Ticket : se faire tester en pharmacie grâce aux tests antigéniques.

Test antigéniques : l’alternative au CST

Si la vaccination s’est faite de plus en plus rare, l’utilisation des tests antigéniques a augmenté le week-end qui a suivi l’entrée en vigueur du Covid Safe Ticket. La demande pour les tests est telle que certaines pharmacies de garde à Bruxelles se sont retrouvées débordées. Selon la chaîne flamande VRT, ce phénomène n’est pas lié au nombre d’infections, mais bel et bien à l’introduction du CST.

Il est trop tôt pour tirer des conclusions.

Rappelons que la présentation du CST est obligatoire seulement dans quelques secteurs. De ce fait, le public peut avoir recours à d’autres moyens, tels que le test antigénique, pour prouver qu’il est “covid safe” sans le ticket. Un pharmacien de la commune de Woluwe Saint-Lambert affirme que l’on observe davantage une hausse du nombre de tests, chez les moins de 65 ans, car ils sont utilisés en guise d’alternative au CST. Il confirme que la demande des tests antigéniques se fait « majoritairement chez les jeunes ou adultes, afin de pouvoir participer à des événements, aller au travail ou voyager ». Néanmoins, il est important de nuancer les raisons qui poussent la population à se faire tester : celles-ci ne sont pas toujours liées au CST.

Selon Christian Léonard, le directeur général de Sciensano, « il est trop tôt pour tirer des conclusions ». Cependant, ce qui est certain, c’est que cette nouvelle mesure a accéléré la vaccination chez les personnes qui le souhaitaient dès le départ, notamment les séniors, affirme Yves Coppieters. Concernant les moins de 65 ans, la stagnation de la courbe peut être expliquée par les tests antigéniques accessibles dans les pharmacies bruxelloises. Une semaine après l’entrée en vigueur du Covid Safe Ticket, nous ne pouvons pas conclure que le projet ait généré l’impact souhaité au départ, soit la hausse du taux de vaccination à Bruxelles.

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