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Télétravail : trois fois plus de Belges à la maison en quatre ans

Le Belge travaillant depuis son domicile, une image de plus en plus familière © Burst
Publié le 29-12-2021 par , et

Avec la pandémie, les Belges travaillent de plus en plus depuis leur domicile. On peut observer une augmentation de 17% en 4 ans, qui ne met pas tout le monde d’accord.

La pandémie de Covid-19, les confinements successifs et les différentes mesures prises par le gouvernement ont transformé le monde du travail. Autrefois marginal, le télétravail s’impose désormais comme la norme. Face à l’actuelle recrudescence du coronavirus, il est redevenu obligatoire quand il est possible pour une durée de quatre jours par semaine. Une décision qui a fait suite au Comité de concertation du mercredi 17 novembre. 

Selon la dernière étude du SPF Mobilité, publiée en septembre 2021, 41% des travailleurs Belges ont eu recours au télétravail. Ce chiffre est en légère baisse par rapport à 2020 (-7%), mais il est presque trois fois plus élevé qu’en 2017 (+24%). La hausse la plus importante concerne le télétravail à temps plein qui a bondi de 19% en 2021 par rapport à 2019. Interrogés en 2018 puis en 2021, seulement 20% des sondés trouvent leur travail compatible avec cette pratique, un chiffre qui bondit à 51% en août 2021. Cette augmentation importante peut être expliquée par la démocratisation du télétravail à partir de mars 2020, alors qu’en 2018 il était encore marginal et méconnu. 

Portrait-robot du télétravailleur belge 

Toujours selon l’étude du SPF Mobilité, le télétravailleur type était un homme (43% contre 28% des femmes), bruxellois (52%) employé dans une entreprise de taille moyenne (51% du total) avec un revenu mensuel moyen de 1.500 à 1.999 euros par mois.  

Le télétravailleur type estime aussi que la situation la plus optimale est de deux jours de bureau et trois jours de télétravail par semaine. Enfin, 41% des sondés se disaient satisfaits du dispositif en matière de travail à domicile.  

En 2017, 12% des travailleurs télétravaillaient déjà sporadiquement. La transformation majeure démarre en 2020 avant la période Covid-19. Le travail à domicile à temps plein augmente très fortement, passant de 4% en 2020 juste avant le Covid, à 16% pendant le Covid-19 et est à son plus haut niveau depuis. Cette modification soudaine n’a laissé ni aux travailleurs, ni aux entreprises, le temps de s’adapter.

Mieux encadrer le télétravail 

Selon l’enquête du SPF Mobilité réalisée en septembre 2021, 27% des télétravailleurs déclarent ne pas avoir d’espace de travail à proprement parler. Un échantillon de 1.500 personnes avait été interrogé. Hugues Ghenne et Caroline Verdoot travaillent sur la question du télétravail au service d’étude politique sociale et bien-être au travail de la FGTB. Ils estiment qu’il faudrait des indemnités pour les télétravailleurs, en ce qui concerne l’achat de matériel informatique, les frais (gaz, électricité, eau, internet), mais expliquent que les négociations avec le banc patronal bloquent pour l’instant à ce sujet. 

Les sondés déclarent que la perte de contact social est la raison principale qui explique pourquoi ils ne veulent plus télétravailler autant : 65% d’entre eux estiment que le travail à domicile à temps plein est responsable de la perte de contact avec le monde extérieur.

Un autre facteur d’inconfort pour les télétravailleurs réside dans le stress dû à une surveillance qu’ils estiment accrue. “Il y a un contrôle par les outils technologiques, le travailleur peut se sentir épié. Tout ce stress peut avoir des répercussions sur sa santé. Le droit à la déconnexion, c’est notre priorité”, explique Hugues Ghenne. A la FGTB, on ne considère pas le télétravail comme foncièrement positif ou négatif. Mais cela dépend de sa mise en place. C’est pour cette raison « que nous avons la volonté de créer un cadre protecteur interprofessionnel qui s’appliquerait sur l’ensemble du territoire. Et qui se déploierait en tenant compte des réalités des différents secteurs et entreprises » conclut-il. 

Ce qu’en pensent les patrons

Une étude du SD Worx (prestataire international de services de ressources humaines et secrétariat social, dont le siège est situé en Belgique) montre que 90% des patrons prévoient de continuer de proposer le télétravail à leurs employés et 80% des employeurs estiment que le télétravail a un effet positif sur le bien-être de leurs travailleurs. Pieter Timmermans, président de la Fédération des Entreprises Belges et favorable au télétravail, déclarait pourtant que sa généralisation causait « de nombreux problèmes organisationnels pour les employeurs » et notamment une « charge administrative inutile ».  Partena Professional, entreprise spécialisée dans le conseil en entreprise note, pour sa part, que “92 % des travailleurs abattent autant, voire plus de travail” mettant l’accent sur la productivité. La vision des employeurs et des employés diverge sur un dernier aspect. Là où les travailleurs se sentent trop surveillés quand ils pratiquent le télétravail, les employeurs jugent, au contraire, que le télétravail ne permet pas une surveillance idéale de leurs subordonnés.

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