Crédit photo : capture d’écran du reportage BxlBondyblog
C’est une journée ensoleillée comme il n’y en a pas eu depuis plus d’une semaine à Bruxelles. Pourtant, je me rends chez les pompes funèbres. J’ai rendez-vous avec un croque-mort. Mais pas n’importe quelles pompes funèbres, pas n’importe quel croque-mort. Je n’ai perdu aucun être cher, c’est de mon plein gré que je me dirige vers la coopérative funéraire Alveus à Uccle. Je souhaite seulement rencontrer Cédric Vanhorenbeke. Non seulement, son métier m’intrigue, mais surtout la nouvelle dimension qu’il lui a donné. Une dimension écologique, éthique et démocratique. J’ai devant moi l’inventeur des funérailles écologiques, celui qui est sur le point d’ouvrir le premier funérarium 100% écologique de Belgique.
Une histoire de famille
Cédric Vanhorenbeke a une trentaine d’années. Il est vêtu simplement, et il est loin de renvoyer l’image établie du croque-mort lugubre et porteur de malheur. Cédric Vanhorenbeke a toujours voulu faire quelque chose d’utile de sa vie. Son domaine de prédilection, c’était l’informatique. « Mais c’est difficile de changer le monde avec l’informatique », m’explique t-il. Et changer le monde avec une entreprise de pompes funèbres ? Non, Cédric Vanhorenbeke n’a pas cette prétention. Il a simplement voulu apporter un aspect éthique à son métier. « J’ai choisi aussi ce métier par facilité. Il ne connaît pas la crise, et puis je suis né dedans. C’est toujours plus facile de faire quelque chose que l’on connaît », m’avoue t-il. Mais s’il y a bien quelque chose que j’ai senti, c’est son respect pour ce métier.
En effet, il est né dedans. Avant de créer sa coopérative funéraire, il travaillait avec son père. « Aujourd’hui, nous sommes fâchés. On ne se parle même plus ». Cédric Vanhorenbeke m’explique que c’est dans l’entreprise de son père qu’il a lancé la commercialisation de ses premiers cercueils écologiques. En osier, en rotin, et même en carton. Non sans colère, il me raconte comment son père a utilisé cette initiative au départ purement éthique et « volontariste » pour être médiatisé. Ce que Cédric Vanhorenbeke qualifie de « greenwashing » : le fait d’utiliser l’image positive de l’écologique à des fins de marketing et de publicité.
« Il roule en Porsche et porte une grosse Rolex en or au poignet. Pour ceux qui le connaissent, c’est vraiment hilarant de le voir présenter ses cercueils en osier comme une initiative écologique ! » plaisante le jeune entrepreneur. Cette philosophie hypocrite l’a poussé à quitter l’entreprise familiale pour créer sa coopérative : Alveus. Il fait alors de son métier un véritable concept éthique (voir le reportage de Bruxelles bondy blog qui attribue tout le mérite à M. Patrick Vonhorenbeke). Une organisation de funérailles sociétales, écologiques, éthiques et démocratiques.
Pionnier du funérarium 100% écologique
Le funérarium est encore en travaux. Mais avant même d’être achevé, il a déjà remporté le concours du bâtiment exemplaire de la commune d’Uccle. Cédric Vanhorenbeke veut même aller jusqu’à en faire un lieu pédagogique (de petits écriteaux seront affichés au mur pour informer des matériaux utilisés dans la construction du lieu). Tout sera certifié écologique. Des matériaux de constructions jusqu’aux toilettes. Elles seront sèches.
Cédric Vanhorenbeke commercialise uniquement des cercueils écologiques, c’est à dire en carton, en osier, ou en bois certifié durable. Il n’est pas le seul en Belgique. La différence, c’est qu’il ne fait pas les choses à moitié. C’est l’entièreté de son catalogue qui est écologique tandis que les autres pompes funèbres n’en proposent qu’un ou deux tout en continuant à commercialiser des cercueils en contre-plaqué.
Cédric Vonhorenbeke présente ses cercueils écologiques.
Pour l’instant, c’est davantage le prix plutôt que la dimension écologique qui attire la plupart des clients de Cédric Vanhorenbeke. Une véritable « désillusion » pour cet homme qui dénonce l’égoïsme généralisé de la population. Cédric Vanhorenbeke est le moins cher sur le marché. Il minimise les marges autant qu’il peut. Ce qui ressort de son discours c’est que l’argent n’a pas une grande valeur. L’important pour lui, c’est d’être utile, d’apporter un service de qualité sans arnaquer les gens, tout en respectant l’environnement. Il a donc réussi à trouver un équilibre éthique idéal dans l’exercice de son métier. Né avec le « chromosome écolo », Cédric Vanhorenbeke en fait de même avec son quotidien. « Je considère que c’est un tout. L’éthique, l’humain, l’écologie . Il fauta aller jusqu’au bout des choses ».
Voilà le portrait d’un homme qui ne peut pas imaginer sa vie sans améliorer celle des autres en leur fournissant un service de qualité, à bas prix, le tout dans le respect total de l’environnement.
Crédit photo : capture d’écran du reportage BxlBondyblog