Grand nombre d’euro-sceptiques dénoncent les politiques migratoires de l’Union Européenne. Une solution souvent proposée: sortir de l’espace Schengen.
Le 11 février, Marine Le Pen, euro-sceptique affirmée, s’exprimait dans une interview sur Europe 1.
« Si demain nous avons les clés du pouvoir, nous sortirons immédiatement de Schengen, nous rétablirons nos frontières et arrêterons cette immigration massive sous le poids de laquelle la France est en train de sombrer. » #LeGrandRDVpic.twitter.com/iUOiAaWKFB— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 11 février 2018
« On a continué à ouvrir grand les portes de notre pays, on arrive plus à les refermer parce que c’est interdit par exemple par l’Union Européenne »
Est-ce que L’Union Européenne (UE) interdit de refermer les frontières ? Oui, mais
La France appartient à l’espace Schengen qui assure la libre circulation des biens et des personnes en son sein depuis 1995. Il n’y a donc effectivement plus de frontière au sein de cet espace. Toutefois, en cas d’urgence, chaque Etat de l’UE peut rétablir temporairement les contrôles aux frontières nationales en cas de menace pour l’ordre public ou la sécurité. De 2015 à 2017, suite aux attentats de Paris, la France a eu recours à cette option à plusieurs reprises.
De plus, Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de gardes côtes prend en charge la surveillance des frontières de l’UE et de l’espace Schengen. Cette agence a constaté en 2016 l’entrée irrégulière de 240 000 personnes sur l’ensemble de l’UE. Notons que Marine Le Pen parle dans cette interview de l’entrée de 300 000 clandestins rien que sur le territoire français.
Concrètement, quelle est la politique migratoire de l’UE ces dernières années ?
L’UE applique un régime d’asile européen commun, constitué de cinq actes législatifs. Ce régime assure en théorie des garanties communes, des procédures équitables et efficaces aux demandeurs d’asile.
Pour M. Pascouau, la politique migratoire européenne est punitive, particulièrement depuis les vagues migratoires de 2015. L’UE sanctionne particulièrement le demandeur d’asile qui se rend coupable de mouvements secondaires, c’est-à-dire lorsqu’il se déplace hors du pays où il a fait sa demande d’asile.
« Si demain nous avons les clés du pouvoir, nous sortirons de Schengen, nous rétablirons nos frontières et arrêterons cette immigration massive sous le poids de laquelle la France est en train de sombrer. »
Sortir de l’espace Schengen permet-il d’arrêter les vagues d’immigration ? Pas vraiment
Le fait de faire partie de l’espace Schengen n’influe pas sur la propension à accueillir une « immigration massive ». Prenons l’exemple du Royaume-Uni, qui n’en fait pas partie, il accueillait 631 452 migrants en 2015, soit presque le double de la France (363 869 migrants). Les cinq pays qui accueillent le plus de demandeurs d’asile sont la Turquie, le Pakistan, le Liban, l’Iran, l’Ouganda, selon l’Institut national d’études démographiques et le Haut-Commissariat aux Réfugiés. De plus, les contrôles aux frontières de Schengen ont été renforcé.
L’espace Schengen n’est pas la source de la crise migratoire. Ce sont principalement les facteurs politiques, économiques et climatiques qui sont à l’origine de cette crise. « On pense aux situations de guerres, ou de grande pauvreté » illustre M. Pascouau, directeur du groupe d’étude European Policy Center.
Les coûts d’une sortie de l’espace Schengen ?
Etablir un contrôle ferme aux frontières françaises pourrait faire diminuer le nombre de réfugiés, mais cette mesure a un coût non négligeable qui se répercutera sur les contribuables. Elle implique des ressources humaines et matérielles qui représentent une dépense importante.
Mathilde Daelman et Caroline Poulain
Crédits photo: Nicolas Pinault