Tracé des communes bruxelloises : aux frontières de la vérité

Un article du journal Le Soir révélait la volonté de Boris Dilliès (député bruxellois) et Gautier Calomne (député fédéral) de modifier le tracé actuel des frontières communales bruxelloises. Un tracé qu’ils jugent obsolète, loin des besoins des citoyens de la capitale.

Pour les citoyens des avenues de l’Uruguay et du Pérou, outre l’éloignement par rapport à l’administration communale située au centre-ville, cela signifie aussi l’absence d’une police de proximité.

Partiellement vrai

La première partie de l’affirmation est partiellement vraie. Lorsque les deux députés évoquent l’éloignement par rapport à l’administration communale située au centre-ville, ils tapent dans le mille. Mais une antenne existe, et elle est située dans le quartier Louise, à moins de 20 minutes en transports en commun des avenues du Pérou et de l’Uruguay.

La deuxième partie de l’affirmation est également partiellement vraie. Pour les habitants des deux avenues citées par les députés, il faut moins de 20 minutes pour se rendre dans le commissariat de quartier le plus proche, situé chaussée de Boondael.

« Il y aurait une certaine logique à ce que ces quartiers (Haren et nord de Laeken, NDLR) dépendent respectivement d’Evere ou de Jette, qui sont beaucoup plus proches.

Faux

Encore une fois, l’affirmation de Boris Dilliès et Gautier Calomne méconnaît certains éléments, économiques notamment. Le statut de capitale que possède la ville de Bruxelles lui offre un budget plus important que les communes de taille semblable, ce qui lui permet d’assumer des services pour un plus grand nombre de citoyens. « Il faut aussi rappeler que la présence de nombreuses ambassades dans la zone Bruxelles Capitale – Ixelles assure à la ville de disposer d’un nombre plus important de policiers », explique Jean-Benoît Pilet, docteur et professeur en science politique à l’Université Libre de Bruxelles. Et d’ajouter : « Evere et Jette n’auraient pas plus d’hommes à leur disposition malgré l’annexion de plusieurs quartiers ».

L’argument de l’éloignement par rapport au centre-ville et l’administration communale qui s’y trouve est également bancal. Les quartiers de Haren et du nord de Laeken sont effectivement respectivement plus proches d’Evere et de Jette, mais il y a des bureaux de liaison décentralisés dans ces zones.    Légende : les points verts représentent les bureaux de liaison, les points noirs représentent les communes.

    Sammy Grynberg et Richard De Wulf