Des propos de Trump, on peut rire ou même pleurer. Parfois aucun des deux. Dire des énormités et s’attaquer à des minorités fait partie de la stratégie communicationnelle du candidat Trump. Mais s’il faut bien reconnaitre une chose au favori républicain, c’est qu’il s’exprime sans langue de bois. Le milliardaire s’exprime sans filtre sur beaucoup de sujets. Trump n’échappe donc pas à la vigilance des journalistes politiques qui démêlent les vérités des contre-vérités dans les déclarations de l’homme d’affaire.
Aujourd’hui n’échappe pas à la règle. Nous avons décidé de passer le favori républicain au détecteur de mensonge sur deux déclarations récentes, faîtes lors du dernier débat républicain.
1. « J’ai été celui qui a dit : ‘N’y allez pas, ne faites pas ça, vous allez déstabiliser le Moyen-Orient’ . »
Moyennement vrai
Trump en 2003 a bien émis quelques réserves sur la guerre en Irak: « Je pense que la situation en Irak est problématique. Et je pense que l’économie américaine est un plus gros problème encore, qui devrait être le premier souci du président des Etats-Unis. » Il n’a cependant jamais dit à l’époque que le président Bush et les États-Unis ne devaient pas s’engager dans cette guerre.
C’est après le début de la guerre que Donald Trump a réagi plus sévèrement, prenant un train alors déjà en marche: « La guerre en Irak est une pagaille sans nom. Le marché va monter en flèche. » Une guerre qu’il a également qualifié de « désastre ». Selon Taoufik Djebali, maître de conférence à l’université de Caen et docteur en civilisation américaine, Trump adopte une stratégie commune à la plupart des hommes politiques depuis 2008: « Depuis 2008, la plupart des hommes politiques ont condamnés la guerre d’Irak.(…) D’ailleurs, les gens qui étaient en faveur de cette guerre ne sont pas les candidats actuels à la présidence.(…) La guerre d’Irak est très impopulaire et a coûté cher aux américains. »
Voir Trump sur la guerre en Irak
La calamiteuse guerre d’Irak est un argument de taille contre le candidat républicain Jeb Bush. Trump se sert allègrement de la parentée entre l’ex-président et l’actuel candidat à la présidence pour le faire baisser dans les sondages: « . La dernière chose dont nous avons besoin est d’un autre Bush. À la place de Sadam Hussein, nous avons maintenant l’EI, l’Iran qui reprennent le flambeau. À vous de me dire, est-ce que tout cela vaut l’argent que nous avons dépensé? ».
2. « Pour l’instant, nous sommes le pays le plus taxé au monde ».
Pas tout à fait
Donald Trump ne brille pas par la précision rigoureuse de ses discours et cette déclaration qui date du 6 février ne fait pas exception. Selon Taoufik Djebali, les américains ne sont absolument pas les plus taxés au monde.
Si nous prenons les chiffres de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) pour l’année 2014, les Etats-Unis sont loin d’être les premiers en termes de recettes fiscales.
Nous voyons que les Etats-unis se situent en dessous de la moyenne de l’OCDE. A noter qu’il existe deux moyens différents de calculer cette recette mais dans les deux cas, les Etats-Unis ne font pas partis des pays les plus taxés dans le monde. « Donald Trump s’appuie sur la perception qu’ont les américains de la taxation aux Etats-Unis », explique Taoufik Djebali. « Ils ont l’impression de payer trop de taxes et Trump va dans leur sens ». Une imprécision dans le discours qui aurait tout simplement pour but de séduire l’électorat américain. Ce que Donald Trump a peut-être oublié de préciser, c’est que son affirmation portait non pas sur le taux d’impôts des particuliers mais sur celui des sociétés américaines qui, lui, est bien un des plus élevés dans le monde.
Séraphine Charpentier-André et Benoît Deplasse