Le glyphosate, une molécule toujours au centre des polémiques

Le pesticide le plus utilisé au monde est toujours au coeur d’une controverse importante. Le produit pourrait être cancérigène. Le doute demeure, son utilisation continue. Clarification en 4 points.

Le glyphosate n’en finit pas de faire parler de lui. La preuve : une nouvelle campagne de Greenpeace Belgium qui lutte contre la vente libre du produit.
Les lois qui entourent son utilisation sont en mouvement. Sa dangerosité pourrait finalement être prouvée, ou pas.

1- Qu’est-ce que le glyphosate?

Le glyphosate est un herbicide efficace parce qu’il vient bloquer la création d’un enzyme permettant à la plante de survivre. Ainsi, la plante meurt quelques jours après son exposition.
De cette manière, le pesticide ne peut pas être répandu sur une récolte en cours. Il tuerait la récolte en même temps que les mauvaises herbes.
Le pesticide reste largement utilisé, avant que la plante cultivée ne germe et sur le champs après la récolte.
Cependant il peut être utilisé en fin de récolte comme dessiccant. Il est épandu sur les plantes juste avant la récolte, la plante accélère la création de ses graines quand le reste est en train de mourir.  Cette pratique entraine une présence plus élevée de ce désherbant dans les produits consommés par la suite. De plus, les graines ainsi obtenues ne peuvent être réutilisées car le glyphosate endommage la capacité de développement future de la plante. La graine reste à l’état de graine.
Enfin le glyphosate est le principal moteur de la création de plantes génétiquement modifiées: ces plantes sont résistantes au pesticide. Cela permet d’utiliser l’herbicide pendant la récolte sans endommager la future récolte.
Pour l’instant, ces plantes OGM ne sont pas autorisées dans l’Union Européenne. En conséquence l’utilisation du glyphosate est limitée bien que toujours élevée.

2- Est-il dangereux ?

Les avis divergent : d’un côté, l’Organisation des nations unies l’a jugé non cancérigène. De l’autre,  le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) l’a classé dans la catégorie « cancérigène probable « . En tant qu’herbicide le plus vendu au monde, il serait utile de savoir s’il est réellement dangereux. Des traces de ce produit ont notamment été retrouvées dans du pain en Grande-Bretagne et dans de la bière en Allemagne. Outre ce doute sur la nocivité du produit, les herbes sur lesquelles ce produit est pulvérisé commencent à évoluer et deviennent plus résistantes. Puisse que ce produit n’est plus aussi efficace, des cocktails d’herbicides sont de plus en plus souvent utilisés aux Etats-Unis pour palier à ce problème. C’est une chaine sans fin et les consommateurs sont exposés à de plus en plus de produits chimiques, dont la nature nocive reste toujours ambiguë.

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3- Comment se positionnent l’Union européenne et la Belgique sur la législation du produit ?

Le produit était autorisé sur le territoire européen jusqu’en juin dernier. Des pourparlers entre les Etats ont eu lieu. Des propositions pour ré-autoriser la vente du produit pour 15, puis 9 ans ont été refusées. Les états refusaient de prendre la responsabilité de ces propositions. Pour éviter un vide décisionnel, la commission a alors pris une décision d’urgence : prolonger l’autorisation du produit pour 18 mois. Elle reste dans l’attente d’un avis de l’agence européenne des produits chimiques, supposé tomber en cette fin d’année. Le glyphosate est donc autorisé pour le moment dans les 28 pays membres de l’Union européenne et est en vente libre en Belgique.

4- Quel avenir pour le glyphosate?

Les discussions au sein de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) ont commencé le sept décembre dernier. Elle entendait les conclusions de l’EFSA et du CIRC. Ce sont les principaux rapports sur la question et ils se contredisent. D’autre part, l’ECHA tend à être impartiale en entendant des fabricants des produits à base de glyphosate et des représentants de la société civile (incarnés par l’alliance de santé et d’environnement). La prochaine réunion de cette agence européenne des produits chimiques se tiendra en mars prochain. Ces discussions ont pour but d’établir un rapport final établissant la dangerosité ou non du glyphosate. La Commission européenne en tiendra compte pour le renouvellement de l’autorisation du produit.

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De son côté, la société civile se mobilise contre le glyphosate qu’elle considère dangereux. Elle cible particulièrement Monsanto, leader dans la vente de produits à base de glyphosate, avec son produit phare, le Roundup.
En octobre dernier un tribunal international symbolique accusait Monsanto de « crime contre l’humanité et écocide ». Le glyphosate est clairement cité comme un poison. En Belgique, malgré la législation de l’Union européenne, l’utilisation du glyphosate par les particuliers tend à être limitée. Elle est interdite à Bruxelles depuis début décembre et d’autres propositions vont dans ce sens pour l’étendre au reste de la Belgique.

 

Crédit photo : @wuzefe et avaaz.org

Luca Bellucci
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