Di Rupo critique la stagnation des salaires

Crédit photo: Capture d’écran Auvio RTBF Jeudi en Prime

Elio Di Rupo, Président du Parti socialiste belge, était l’invité de Jeudi en Prime sur la RTBF le 1er décembre 2016. Il a réaffirmé sa position selon laquelle, suite à la politique générale adoptée par le gouvernement Michel, la Belgique est le seul pays en Europe où les salaires n’augmentent pas.

Dans quel contexte s’inscrit cette déclaration ?

Suite à la déclaration de François Hollande de ne pas être candidat à l’élection présidentielle, François De Brigode demande au président du PS belge, Elio Di Rupo, quelles sont les causes de la montée du populisme et de la présence de Marine Le Pen au second tour. Elio Di Rupo affirme alors que le retour du populisme est lié à la perte de l’emploi, à l’angoisse de trouver du travail, et aux revenus qui sont trop bas.

Cette position fait notamment écho à une précédente affirmation parue dans un communiqué du 15 octobre 2016 du Parti socialiste sur le budget fédéral. Elio Di Rupo y déclare alors que le gouvernement de Charles Michel rend impossible toute augmentation des salaires des travailleurs dans le futur.

« On voit que dans les autres pays européens et dans la zone euro, les salaires augmentent. En Belgique, ils n’augmentent pas. C’est encore une des actions à mettre au service du gouvernement fédéral actuel. »

Il est trop tôt pour le dire …

La dernière enquête d’Eurostat sur la structure des salaires mensuels moyens en euros révèle des chiffres jusqu’en 2014. Elle ne comprend donc pas la période 2015-2016 durant laquelle le gouvernement MR N-VA aurait bloqué l’augmentation des salaires .

Entre 2006 et 2014, le salaire mensuel brut moyen des 28 pays de l’Union européenne a progressivement augmenté avec un gain de plus de 14%. Dans le même période, pour les 18 pays de la zone euro, le salaire a connu un bond de 16%.

En Belgique, le salaire mensuel brut moyen entre 2006 et 2014 a également augmenté. Le travailleur a en effet vu son salaire augmenter de plus de 21 %. Les salaires mensuels moyens belges ont donc augmenté plus rapidement que les salaires mensuels moyens de l’Union européenne et de la zone euro.

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Toutefois, les salaires minimums mensuels en Belgique étaient en 2015 similaires aux salaires minimums de 2014. La Belgique n’est cependant pas le seul pays de l’Union européenne à connaître un blocage puisque le salaire minimum mensuel en Irlande demeure inchangé depuis 2008 ; en Grèce, il a diminué de 14% entre 2008 et 2015 ; et en Croatie, il n’a pas non plus augmenté entre 2014 et 2015.

« Après avoir imposé un saut d’index et une modération salariale en 2015 et 2016, le gouvernement réforme aujourd’hui la loi de 1996 sur la compétitivité.  Il supprime ainsi toute possibilité d’augmenter les salaires des travailleurs dans les années à venir (…) »

A nuancer …

Selon Robert Plasman, Professeur en Economie des Sciences du travail à l’Université Libre de Bruxelles, « il est vrai que le gouvernement Michel n’a pas forcément adopté des lois pouvant aider » à l’augmentation des salaires des travailleurs « comme la réforme de la loi 1996 sur la compétitivité, le saut d’index ou la modération salariale de 2015-2016. »

La réforme de la loi 1996 sur la compétitivité empêche les employeurs de disposer d’une liberté totale dans la politique salariale qu’ils souhaitent mener. Ils ne peuvent donc plus augmenter les salaires à leur guise.

Le saut d’index, lui, signifie que le salaire des belges ne sera plus augmenté en fonction de l’augmentation des prix, ce qui affecte notre pouvoir d’achat.

La modération salariale est bien réelle pour 2015, avec une norme sociale fixée à 0%. Les charges salariales ne peuvent donc pas augmenter. Pour 2016, elle est fixée à 0.5% de la masse salariale brute. Ce qui veut dire qu’une augmentation des salaires est tout de même possible, même si dans la pratique, cela reste très difficile.

Eléonore LOISEL et Aurélie VANWELDE.