Brexit : les conséquences pour la Belgique

Dans un entretien pour l’Echo, Robin Walker – ministre Britannique en charge du Brexit – a déclaré que les échanges entre le Royaume-Uni et la Belgique avaient encore de beaux jours devant eux.

Un nouvel accord de libre-échange doit sortir de terre avant le 22 mars. Celui-ci doit déterminer les modalités d’échange entre le Royaume-Uni et les 27 pour la période de transition après la sortie effective du Royaume-Uni (le 29 mars 2019). Si Outre-manche le Parti conservateur adresse à l’UE un discours apaisant, certaines études belges démontrent que le Brexit pourrait coûter 2,2 milliards à la Belgique. Pour Robin Walker, pourtant, il n’y a pas de raisons de s’inquiéter. Décodage.

  • « La Belgique est un des dix premiers investisseurs au Royaume-Uni, et nous sommes un des investisseurs majeurs de la Belgique. »

En effet. La Belgique est le 4ème partenaire économique européen du Royaume-Uni. Les relations commerciales, tant qu’elles sont basées sur l’union douanière, le marché unique et sur les fondements de la libre circulation des biens, se sont intensifiées depuis plusieurs décennies.

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En 2015, la Belgique a exporté une valeur de plus 18 milliards d’euros vers Londres, soit un apport de 2,9% de notre PIB. La Flandre a elle seule concentre la plus grande partie des échanges, qui représente près de 15 milliards d’euros. De nouvelles barrières douanières, comme cela est envisagé dans le scénario d’un « Hard Brexit » serait alors une véritable douche froide pour le Nord du pays.

  • « Le marché automobile est un excellent exemple où il existe une chaîne d’approvisionnement opérant entre la Belgique et le Royaume-Uni.[…] Nous voulons nous assurer que des normes de haut niveau continueront à être appliquées et que ces biens seront toujours échangés entre nos deux pays. »

Le secteur automobile Belge serait le premier touché par de nouvelles réglementations contraignantes. En 2015, près de 15% des véhicules produits sur le sol Belge étaient destinés à l’exportation vers le Royaume-Uni. La question de l’homologation des normes sera, également, un des gros dossiers des futures négociations. Si Robin Walker soutient que des « normes de haut niveau » seront appliquées, la réalité risque d’être plus compliquée. Les voitures Britannique sont composées en moyenne de 44% de pièces locales, alors que les normes de l’UE en exige 55%. Alors que 70% de la production automobile du Royaume-Uni est destinée à l’exportation (dont 57,5% pour l’UE), ces négociations inquiètent les constructeurs Britanniques.

Benjamin Fox, journaliste pour Euractiv, décrypte la situation.

  • Est-ce qu’en cas de Brexit, « ces biens seront toujours échangés » ?

Il est probable que cela soit le cas mais ce ne sera pas forcément aussi simple que M. Walker laisse entendre. En effet, selon Benjamin Fox, « les enjeux du Brexit sont hauts » et « ce qui est inquiétant c’est que le processus de l’article 50 a démarré il y a un an et le gouvernement du Royaume-Uni n’a toujours pas trouvé d’accord sur la façon dont ils vont mener les négociations ». En définitive, il serait peut-être précipité de faire des prévisions sur la faisabilité des futurs échanges entre la Belgique et le Royaume-Uni.

  • Est-ce que le Royaume-Uni disposera d’un marché privilégié ?

Il n’y a pas beaucoup de chances que cela arrive. Benjamin Fox estime que « l’idée que le Royaume-Uni devienne la version nord-européenne de Singapour est partagée par une minorité. Je ne pense pas que cela soit ce que le peuple britannique désire. L’économie européenne est 7 fois plus grande que celle du Royaume-Uni et ils disposent donc de beaucoup moins de marge dans les négociations. »

  • Quelles sont les chances d’aboutir à une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne dans les prochains mois ?

Elles sont infimes. L’objectif est d’y parvenir dans les 6 prochains mois mais Benjamin Fox pense que « le Royaume-Uni ne parviendra pas à un accord sur le traité commercial dans les 2-3 ans mais cela va prendre entre 6 et 7 ans ».

MICK AKUTU et EMMANUELLE LECERF

Crédit photo : Jay Allen, Creative Commons, https://journalisme.ulb.ac.be/wordpress/wp-content/uploads/2018/02/May.jpg