Les champignons ont envahi les caves de Tour & Taxis. Au sous-sol de l’ancien site industriel, la coopérative sociale PermaFungi dispose désormais de 1000 m² pour développer sa culture à base de marc de café. Et les pleurotes semblent s’y plaire.
A l’origine de PermaFungi, il y a deux camarades d’école : Martin Germeau et Martin François. Le premier est bio-ingénieur, le second entrepreneur social. Et s’ils partagent le même prénom, ces deux amis ont surtout une ambition commune : s’inspirer de la nature pour en imiter les miracles au cœur de la ville.
C’est dans les caves du marché des Tanneurs, dans le quartier des Marolles, qu’ils commencent leurs recherches en 2013. Leur objectif : recycler le marc de café en engrais pour champignons. Il se trouve que le caoua matinal a un structure semblable au bois. Un fois filtré, le café stérilisé devient donc un terreau de choix pour les pleurotes. Reste alors à surveiller la bonne pousse des champignons, à l’abri de la lumière et des fortes chaleurs.
Un succès foudroyant
Les pleurotes ont beau pousser à vue d’œil, la jeune coopérative est rapidement dépassée par la demande des magasins bio. Installés dans les caves de
Tour & Taxis, ils sont désormais six à travailler dans la champignonnière. Plusieurs partenaires se sont aussi joints à l’aventure : ce sont les magasins
Exki de Bruxelles qui fournissent le précieux marc de café, tandis que
BocoLoco récupère les pieds de pleurote pour en faire des tartinades. Preuve de son succès, PermaFungi a fêté le 22 novembre dernier un nouvel agrandissement de sa production, en présence du ministre bruxellois de l’économie, Didier Gosuin.
Des cultures en expansion
Avec 1000 m² à exploiter, Martin François espère produire une tonne de champignons par mois. Mais il s’agit aussi de diversifier les cultures :« Le champignon reste un domaine peu connu. Il faut savoir qu’on ne connaît même pas 10 % des espèces de champignons dans le monde », rappelle-t-il. Adrien, stagiaire chez PermaFungi, a ainsi découvert il y a un mois que le terreau des pleurotes pouvait lui-même être réutilisé pour cultiver des chicons.
L’autre ambition des fondateurs, c’est d’inciter les productions locales, pour une économie sociale en cycles courts. Alors ils proposent des ateliers et des kits pour cultiver soi-même ses champignons à partir de son propre café. En définitive, ils espèrent que leur passion pour les champignons contaminera toutes les villes de Belgique. Et la contagion semble bien avoir commencé : à Saint-Gilles, Laurence, qui a intégré PermaFungi après y avoir été bénévole, a lancé l’année dernière une deuxième champignonnière… dans sa cave.
En laboratoire, l’équipe mélange le marc de café avec du foin et des semences de pleurotes. La combinaison façon « Breaking Bad » sert à garder une atmosphère stérile.
Après deux semaines d’incubation dans le noir, les champignons poussent dans une salle ventilée et sont cueillis à la main.
Les champignons sont distribués dans les magasins et marchés bio de Bruxelles. On peut acheter des pleurotes blanches ou de palicot, ainsi que des chicons.
Tout commence par une virée en vélo. Chaque semaine, trois cyclistes font le tour des dix magasins Exki partenaires pour récupérer le marc de café encore chaud.
La coopérative propose également des kits pour cultiver soi-même ses champignons à partir de son propre café.