Centre fermé : un monde à huis clos
Quelle justice quand la liberté ne tient qu’à une histoire de papier ?
À la fin des années 80, des réformes sont mises en place pour que l’État belge, (en particulier le ministère de l’Intérieur), bénéficie d’un arsenal juridique plus important en matière de politique migratoire. Parmi celles-ci, figure la construction du premier centre de détention pour les étrangers. Aujourd’hui, la Belgique en compte cinq pour une capacité de détention de 600 places. D’ici 2021, c’est trois nouveaux centres qui seront construits, doublant la capacité de détention.
Cette détention est justifiée par un double besoin : d’un côté, il s’agit de placer l’individu le temps que son dossier soit examiné par l’Office des étrangers et de l’autre, la privation de liberté serait, selon Jean-François Jacob le directeur du centre de Vottem :
Le moyen ultime de forcer l’ordre de quitter le territoire.
En clair, on agite la menace des centres fermés au-dessus des têtes des « sans-papiers » dans l’espoir de freiner l’immigration illégale. On peut juger chimérique ou non un tel calcul, mais force est de constater que pour les étrangers qui se retrouvent dans les centres, la détention prend l’allure d’un mauvais rêve. C’est le cas de Rami, tunisien, présent en Belgique depuis 12 ans. Lors d’un contrôle d’identité effectué par la police en 2012, il est arrêté et placé au centre du 127bis près de l’aéroport de Bruxelles-National :
Pour moi c’était le début du cauchemar.
Alain Grosjean est visiteur accrédité pour l’asbl Point d’appui. Plusieurs fois par semaine, il rend visite aux détenus. Clairement opposé au système des centres fermés, il considère que ceux-ci vont à l’encontre des principes démocratiques de la Belgique :
Qu’une administration s’arroge le droit de maintenir comme ça des personnes, je trouve ça grave
Pour en savoir plus sur les centres fermés, consultez l’article d’Agathe Laurain et Nathan Barbabianca.
Crédits :
Les illustrations sont de Patapf, retrouvez son travail ici
« Kel Alkaline » par Baly Othman & Steve Shehan, Assouf
« Métal Field » par SPK, Auto-da-fé
« Étranges étrangers, Jacques Prévert, La pluie et le beau temps aux éditions Gallimard lu par Jacques Prévert