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Les bases du chômage

Publié le 17-02-2016 par
Le chômage ne cesse de faire parler de lui, en France. Malgré la fin de la crise, les chômeurs n’en voient pas la fin. Mais qu’en est-il exactement du chômage en France et en Europe ? Réponses en 4 questions.

Mais d’où vient le chômage ?

Le chômage auquel nous faisons face aujourd’hui trouve sa source dans le choc pétrolier de 1971.
Avec cette crise, les gens ont commencé à avoir peur des lendemains. La consommation a ainsi diminué. De fait, les entreprises, ne vendant plus ce qu’elles avaient produit, ont limité leur production en débauchant. Pour régler le problème, Maxime Fontaine, chercheur en économie du travail et de l’emploi à l’ULB, explique qu’il existe deux courants opposés :

– l’économie de l’offre : pour régler le problème du chômage, il faudrait soutenir les entreprises. En réduisant les charges sociales, on permet aux entreprises d’embaucher plus facilement. Ainsi, ces dernières seraient plus productives, la concurrence augmenterait, les prix seraient cassés et la consommation serait relancée.

– l’économie de la demande : selon ce paradigme, il faut augmenter la demande pour augmenter l’offre. Soit augmenter directement le pouvoir d’achat, en augmentant les salaires et les indemnisations.

De quels types de chômage parle-t-on ?

– Le chômage structurel : c’est le chômage compris entre 0 et 5%. Il est impossible à supprimer car il n’est pas considéré comme du chômage réel. En Allemagne par exemple, le taux de chômage est de 4,5% : on parle de plein emploi. Les 4,5% de chômeurs sont en fait des gens qui se situent entre le terme d’un ancien contrat et le début d’un nouveau.

– Le chômage conjoncturel : c’est le chômage lié à un événement : une crise, une catastrophe. En France, on estime qu’il est compris entre 0 et 3%. Mais pour Maxime Fontaine, les Etats ne peuvent plus expliquer le chômage par la crise de 2008. « Le chômage conjoncturel lié à cette crise a expiré en Allemagne, il devrait aussi avoir expiré en France ou en Belgique », souligne l’économiste.

Taux de chômage 2003-2013

Pourquoi le problème du chômage persiste –t-il en France?

La France n’est pas un cas isolé. Mais selon, Maxime Fontaine, le chômage trouve sa source dans le particularisme de l’Etat. Il pointe les inégalités dans l’éducation et dans l’emploi. « La France n’est pas une méritocratie. Les élites ont accès aux diplômes valorisants, via des écoles payantes, et décrochent les emplois à responsabilité », déplore l’économiste, pour qui ces inégalités creuseraient le chômage. Pour Maxime Fontaine, le chômage français est également dû à la centralisation. Elle existe sous deux formes : -au sein des entreprises, des banques, mais aussi du gouvernement : le pouvoir décisionnaire est aux mains d’un nombre très limité d’individus. Selon Maxime Fontaine, « les décisions, réformes sont prises par ces individus, sans qu’il y ait une consultation en amont avec les acteurs qui subiront le changement ». -en France, il y a beaucoup de superstructures. Des banques, des entreprises, avec un pouvoir bien plus important que dans d’autres pays. Le chercheur explique que ces superstructures sont totalement indépendantes les unes des autres. Ces dernières n’ont pas besoin de se soutenir en cas de crise. Alors qu’en Allemagne, au moment de la crise, « les entreprises et banques, de plus petites dimensions, ont dû se serrer les coudes pour survivre », explique Maxime Fontaine.

Chômage UE 2

Quel levier actionner pour régler la question du chômage en France ?

Le levier à actionner dépend du courant dans lequel on se situe : économie de l’offre ou économie la demande.
La politique de François Hollande penche vers l’économie de l’offre. « Si ces prédécesseurs n’ont pas réglé le chômage en penchant sur l’économie de l’offre, c’est parce qu’ils ne seraient pas allés assez loin », explique l’économiste. Selon cette optique, il faudrait aider davantage les entreprises en réduisant leurs charges pour relancer l’économie.
Pour Maxime Fontaine, cette politique aurait montré ses limites. « Il faut aider directement les ménages en augmentant leur pouvoir d’achat. La consommation augmentera et la production suivra », martèle-t-il

Anthony Keppenne, Thibaud Kueny, Raphaël Papiau.

 

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